Nous avons l’habitude de porter attention à notre confort thermique, visuel ou acoustique dans nos bâtiments. Mais saviez-vous que les moisissures, les produits de nettoyage ou encore notre mobilier ont un impact sur notre santé ?
Alors que nous passons désormais en moyenne, en Europe et en Suisse, 80%1 de notre temps à l’intérieur, que ce soit au bureau, dans les transports ou à la maison, il devient très important de considérer l’impact sur notre santé lié à nos manières de construire ou de meubler nos intérieurs.
Nous vous livrons ci-dessous quelques sources potentielles de pollution de notre air intérieur.
Des moisissures peuvent apparaître dans nos intérieurs quand le taux d’humidité y est trop élevé. Les deux causes principales de ce phénomène sont un renouvellement insuffisant de l’air et les infiltrations d’eau.
Dans le premier cas, les activités humaines (respiration, cuisine, douche, etc.) dans la maison créent de la vapeur d’eau (en moyenne 2.5T de vapeur par année pour une famille de 4 personnes2) et, si l’air n’est pas suffisamment renouvelé, la teneur en vapeur d’eau de l’air augmente. Les moisissures ont tendance à se développer lorsque l’humidité relative atteint 70-80% de manière prolongée.
Il convient d’être particulièrement prudent lors de rénovation d’anciens bâtiments qui n’étaient pas étanches à l’air. Un changement de fenêtres par exemple peut conduire à une modification du comportement hydrique du bâtiment. Un mauvais choix d’isolation peut également être à l’origine de dégâts importants sur le bâti ancien.
Dans le second cas, des défaillances dans l’enveloppe du bâtiment (ou d’une conduite) laissent l’eau pénétrer dans le bâtiment. Il peut s’agir d’une fissure dans le crépi de la façade, d’une tuile manquante sur le toit, etc. Le développement de moisissures est alors favorisé.
Plus les surfaces moisies sont grandes, plus le risque pour la santé est élevé. Les moisissures peuvent provoquer des irritations de la peau, des voies respiratoires et des yeux. Une exposition prolongée peut donner lieu à des allergies, des bronchites ou de l’asthme3.
Des mesures temporaires d’asséchement avec des déshumidificateurs peuvent être mises en place pour améliorer la situation. Cependant, la cause du problème doit également être traitée. Il conviendra d’améliorer la ventilation, soit par une intervention manuelle régulière ou par l’installation d’une ventilation mécanique selon les cas. Dans le cas d’infiltration d’eau, la faiblesse devra être identifiée et corrigée. Chaque situation étant différente, les solutions le sont tout autant.
Différents matériaux de construction peuvent émettre des composés organiques volatils dans l’air intérieur. Ceux-ci peuvent être d’origine naturelle, comme pour le bois, ou artificielle, dans le cas des solvants de certaines peintures par exemple.
Attention, le mobilier neuf, les produits de nettoyage, les parfums d’ambiance, etc. peuvent également être sources de composés organiques volatils.
Quelques COV connus : le butane, le propane, l'éthanol (alcool à 90°), l'acétone, le benzène, le perchloroéthylène, le formaldéhyde.
Les COV peuvent provoquer des réactions cutanées, des troubles respiratoires, des maux de têtes et de la fatigue. Selon la Ligue Pulmonaire Suisse, le benzène, un des COV les plus rependus, peut provoquer la leucémie.
Lors de la planification, de la construction et de l’emménagement, un soin particulier doit être pris pour limiter la quantité de matériaux et de produits problématiques dans les espaces intérieurs.
Dans le cas d’un air intérieur chargé anormalement en COV, il est conseillé d’aérer régulièrement. On conseillera une aération périodique avec les fenêtres ouvertes en grand pendant 5 minutes pour permettre un bon renouvellement de l’air. Une fenêtre ouverte en permanence en imposte ne permet pas un renouvellement de l’air en profondeur.
Il existe également des exemples où la qualité de l’air a été améliorée en introduisant de la laine de mouton comme élément capteur4.
Contrairement à une idée reçue, les plantes d’intérieur n’auraient pas d’effet important de purification de l’air. Elles le font à un rythme si lent qu’il sera toujours plus efficace d’ouvrir la fenêtre5. Nous trouvons en revanche que les plantes sont excellentes pour le moral, alors pourquoi s’en priver ?
L’amiante trouvait principalement son usage dans les colles, les isolations et les panneaux de ciment fibrés. Tous les bâtiment construits ou rénovés avant 1990 présentent des risques de contenir de l’amiante6.
Le plomb était fréquemment utilisé dans la construction et majoritairement dans les peintures, les canalisations d’eaux usées et certaines couvertures de toiture. Une part importante des bâtiments construits ou rénovés avant 2006 peuvent contenir ce polluant7.
Les PCB (polychlorobiphényles) pouvaient principalement se trouver dans les isolations de condensateurs, les vernis, les joints, les colles et certains plastiques. Ce sont des polluants organiques persistants qui sont dégradés très lentement et qui s’accumulent dans l’environnement. Devenus omniprésents, ils sont ingérés progressivement par le biais de l’alimentation. Leur usage a été complétement interdit en 19868.
L’amiante n’est réellement dangereuse que lorsqu’elle est émise sous forme de particules dans l’air. Les fibres ainsi émises sont cancérigènes. Il faut donc éviter de la dégrader ou de la percer. La présence d’amiante peut être suspectée par l’expérience, mais seuls des tests en laboratoire permettent de la détecter.
Le plomb a des effets toxiques sur le système nerveux et reproducteur. Seuls des tests en laboratoire permettent de s’assurer de la présence ou non de plomb dans les éléments suspectés.
Les PCB s’accumulent progressivement dans le corps, principalement dans les tissus adipeux et le foie, et peuvent créer une série de désordres. Leur élimination prend plusieurs années (environ 7 ans). Les PCB peuvent se transmettre également par le lait maternel.
Les matériaux de construction actuels ne devraient présenter ni plomb, ni amiante, ni PCB. Ce n’est donc plus une problématique en construction neuve. Dans le cas d’un bâtiment existant, cet héritage présente cependant un risque. Il est donc recommandé (obligatoire en cas de rénovation) de faire contrôler la présence de ces composants dans la maison. En cas de présence confirmée et selon la nécessité (risque de contamination), une dépollution peut être entreprise par des sociétés spécialisées.
Le dioxyde de carbone, plus connu sous le nom de sa composition moléculaire CO2, est un gaz inerte, incolore et inodore non toxique qui se trouve naturellement dans l’air. Il est issu notamment de la combustion, mais également de la respiration des êtres vivants qui transforment l’oxygène en CO2.
Pendant son sommeil, un être humain relâche environ 12L par heure de CO2 et presque 3 fois plus lors d’une activité debout comme le ménage9.
Si l’on vient à pratiquer de l’exercice dans une pièce hermétique, le concentration en CO2 peut augmenter. Entre 1’000 et 2’000 ppm (parties par million), le CO2 peut provoquer des somnolences et devient potentiellement mortel au delà de 5’000 ppm10.
Un renouvellement de l’air suffisant, qu’il soit mécanique ou manuel (ouvrir les fenêtres) est totalement suffisant pour maîtriser la problématique du dioxyde de carbone.
Il existe également des sondes qui peuvent indiquer le taux de CO2 pour vous rappeler d’ouvrir la fenêtre.
Le monoxyde de carbone peut être relâché lors d’une combustion incomplète d’un combustible (bois, gaz, mazout, etc.). La combustion n’est pas complète lorsqu’il n’y a pas assez d’oxygène lors de la réaction. Si l’extraction des fumées ne se fait pas de façon efficace, il y a un risque que le monoxyde de carbone se répande dans le bâtiment. De même densité que l’air, ce gaz peut se diffuser rapidement dans tout l’espace intérieur11.
Inodore, incolore, sans saveur et non irritant, ce gaz est particulièrement sournois. Le monoxyde de carbone induit un état de somnolence chez les personnes qui en respirent. Une teneur trop élevée peut ensuite entraîner la mort par asphyxie des personnes. En effet, le monoxyde de carbone se fixe de façon irréversible sur l’hémoglobine et empêche le transport de l’oxygène dans le sang12.
Un ramonage et un contrôle réguliers des installations de combustion sont importants pour se prémunir des dangers.
Si une présence anormale de monoxyde de carbone est détectée dans un espace (somnolence généralisée, fatigue à des heures inhabituelles, etc.), il convient de faire intervenir un ramoneur pour s’assurer que le tirage de la cheminée est approprié. Dans le cas d’une chaudière, le service technique devra la contrôler et la réparer.
Il existe également des détecteurs de monoxyde de carbone qui permettent d’alerter les occupants du bâtiment en cas de problème.
Lorsque l’on parle d’habitat sain, nous pensons majoritairement aux matériaux qui le composent et aux autres mesures constructives à prendre. Cependant la phase d’usage est, elle aussi, très importante. Il faut prendre garde à ne pas introduire des produits nocifs pour la santé à l’intérieur. Une source importante de pollution à ce stade sont les produits d’entretien, les parfums d’ambiance, l’usage d’insecticide, etc. non seulement par l’émission de COV, mais également par leur caractère potentiellement agressif pour la peau ou les yeux.
Il convient également d’être très vigilent à ne pas créer des réactions chimiques dangereuses en mélangeant différents produits. Par exemple, le mélange d’eau de javel avec du vinaigre de détartrage émet de la chlorine. De nombreux cas de décès sont liés à ce type de dégazement13.
Les produits de nettoyage peuvent être agressifs pour la peau, les voies respiratoires, les yeux, etc. Certains produits sont également suspectés d’être des perturbateurs endocriniens ou cancérigènes. Nombres d’entre eux sont également nocifs pour l’environnement et les animaux (sauvages et de compagnie), que ce soit lors de l’application ou des suites du nettoyage. Enfin, certains produits sont très dangereux pour les eaux.
Les grandes surfaces vendent des produits respectueux de l’environnement et de votre santé. (Attention ces produits peuvent toutefois rester agressifs).
De nombreuses alternatives naturelles existent aux produits de nettoyage « classiques ». Le vinaigre blanc étant par exemple un excellent anticalcaire, 100% biodégradable, non accumulable dans l’environnement, il est tout à fait recommandé pour le ménage.
Certains matériaux peuvent provoquer des allergies ou favoriser le développement d’autres sources d’allergie. Les allergies étant nombreuses et variées, il n’est pas possible d’en citer toutes les causes. Il est estimé en Suisse que 15 à 20% des personnes sont sujettes à des allergies14.
Les peintures, selon leur composition, peuvent être problématiques pour une certaine frange de la population. Certains tissus sont d’excellentes zones de vie pour les acariens qui peuvent également déclencher des réactions fortes chez les personnes sensibles.
Une allergie est une réaction « disproportionnée » par rapport à la présence d’un corps étranger, sur la peau par exemple. Les symptômes peuvent être bénins (rougeur locale par exemple) ou graves (gonflements). Dans certains cas et sans traitement approprié dans les temps, certaines réactions peuvent provoquer la mort de l’individu.
La solution la plus efficace est de retirer les matériaux problématiques de votre environnement.
Lors de la conception de votre projet, n’hésitez pas à parler de vos éventuelles allergies pour qu’elles soient prises en compte dès la conception.
Un habitat sain et un air propre ne sont pas une évidence. Il convient d’y porter un soin particulier tant lors de la conception, de la mise en œuvre que pendant l’utilisation.
D’autres facteurs peuvent également nuire au bien-être des occupants d’un bâtiment, comme la présence de radon, d’humidité, de faiblesse acoustique ou de manque d’éclairage naturel. Découvrez nos articles sur ces thématiques :
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