En Suisse, le secteur de la construction est un moteur de l’économie avec 6% du PIB1, mais on ne réalise pas que la part du bâtiment dans les émissions mondiales de CO2 – et donc dans le réchauffement climatique – est de 40%2. Non, ce n’est pas rien.
Les émissions du secteur de l’immobilier sont occasionnées par :
Or, à l’heure actuelle en Suisse, seules les émissions liées à l’exploitation du bâtiment sont réglementées*. En effet, des lois cantonales sur l’énergie fixent par exemple un approvisionnement minimal en énergie renouvelable, interdisent certains types de chauffage (électrique entre autres), rendent obligatoires certaines mesures, comme un audit énergétique lors de la vente d’un bien immobilier3.
La construction et la démolition, elles, ne font pas l’objet de réglementation particulière en ce qui concerne leur impact carbone et sont donc uniquement soumises à la loi du marché. Quand on sait qu’un panneau solaire produit en Chine coûte bien moins cher qu’un panneau solaire produit en Suisse, on imagine facilement que l’énergie grise du bâtiment atteigne des sommets.
Pourtant, dans un nouveau bâtiment énergétiquement performant, plus de 70% des émissions de gaz à effet de serre se produisent lors de la construction4.
Construire a bien sûr d’autres conséquences que celles sur le climat qui n’est “qu’une” des neuf limites planétaires.
Parmi ces effets, on peut compter notamment l’imperméabilisation des sols, les îlots de chaleur, la perte de biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles et la génération de déchets. Le secteur de la construction génère en effet 84% des déchets en Suisse5 ! Et qui dit construction, dit également destruction. Entre autres de biodiversité, de « puits de carbone » et de surfaces agricoles.
Comment alors réduire drastiquement les émissions liées au bâtiment ? Une première réponse à cette question pourrait être tout simplement de ne pas construire ;) Comme pour toute décision responsable, il faut s’interroger en premier lieu : Cela répond-il à un besoin réel ? Quelles sont les alternatives ? Peut-on faire plus avec moins ?
Carl Elefante, l’ancien président de l’Institut Américain des Architectes, disait également que « le bâtiment le plus écologique est celui qui existe déjà »6. En effet, rénover – notamment énergétiquement – des bâtiments existants et prolonger leur durée de vie plutôt que les détruire et reconstruire réduiraient considérablement les émissions liées à la production de nouveaux matériaux. Mais là encore, la loi du marché agit à l’encontre de telles stratégies. Si la modification des zones à bâtir pour permettre la densification en ville est louable pour éviter le mitage du territoire, elle pousse également de nombreux investisseurs à raser des bâtiments bien avant leur fin de vie pour en construire de nouveaux – plus grands, plus hauts – dans un but de maximisation du profit.
Lors de la planification d’une rénovation ou d’une nouvelle construction, nous pouvons – devons ? – utiliser les leviers suivants :
Parcourez donc nos articles qui abordent les différentes facettes des domaines précités. Vous trouverez à la fin de chaque article des références et des liens pour approfondir encore le sujet et devenir incollable sur l’habitat durable !
* Article écrit le 03.12.2021. Depuis, les labels intègrent ces considérations dans leur évaluation et les lois cantonales sont en cours de révision.
Image de couverture © Matthias Heyde on unsplash