La part du bâtiment dans le changement climatique

Problématique. Changement climatique.

Alexia Schneider,

Impact climatique du bâtiment
© Physalide

En Suisse, le secteur de la construction est un moteur de l’économie avec 6% du PIB1, mais on ne réalise pas que la part du bâtiment dans les émissions mondiales de CO2 – et donc dans le réchauffement climatique – est de 40%2. Non, ce n’est pas rien.

Les émissions du secteur de l’immobilier sont occasionnées par :

  • - la construction du bâtiment
    extraction des matières premières, production, transformation et transport des matériaux, mise en œuvre…
  • - son exploitation
    chauffage, climatisation, électricité, entretien…
  • - et son démantèlement en fin de vie
    démolition, transport des déchets en décharge, incinération, recyclage…

Or, à l’heure actuelle en Suisse, seules les émissions liées à l’exploitation du bâtiment sont réglementées. En effet, des lois cantonales sur l’énergie fixent par exemple un approvisionnement minimal en énergie renouvelable, interdisent certains types de chauffage (électrique entre autres), rendent obligatoires certaines mesures, comme un audit énergétique lors de la vente d’un bien immobilier3.

La construction et la démolition, elles, ne font pas l’objet de réglementation particulière en ce qui concerne les émissions de CO2 et sont donc uniquement soumises à la loi du marché. Quand on sait qu’un panneau solaire produit en Chine coûte bien moins cher qu’un panneau solaire produit en Suisse, on imagine facilement que l’énergie grise du bâtiment atteigne des sommets.

Pourtant, dans un nouveau bâtiment énergétiquement performant, plus de 70% des émissions de gaz à effet de serre se produisent lors de la construction4.

Autres impacts

Construire a bien sûr d’autres effets indirects, conduisant également au réchauffement climatique, qui sont cependant moins faciles à mesurer.

Parmi ces effets, on peut compter notamment l’imperméabilisation des sols, les îlots de chaleur, la perte de biodiversité, l’épuisement des ressources naturelles et la génération de déchets. Le secteur de la construction génère en effet 84% des déchets en Suisse5 ! Et qui dit construction, dit également destruction. Entre autres de biodiversité, de « puits de carbone » et de surfaces agricoles.

Quantité de déchets produits par le secteur de la construction en Suisse
© Physalide

Les champs d’action

Comment alors réduire drastiquement les émissions liées au bâtiment ? Une première réponse à cette question pourrait être tout simplement de ne pas construire ;) Comme pour toute décision responsable, il faut s’interroger en premier lieu : Cela répond-il à un besoin réel ? Quelles sont les alternatives ? Peut-on faire plus avec moins ?

Carl Elefante, l’ancien président de l’Institut Américain des Architectes, disait également que « le bâtiment le plus écologique est celui qui existe déjà »6. En effet, rénover – notamment énergétiquement – des bâtiments existants et prolonger leur durée de vie plutôt que les détruire et reconstruire réduiraient considérablement les émissions liées à la production de nouveaux matériaux. Mais là encore, la loi du marché agit à l’encontre de telles stratégies. Si la modification des zones à bâtir pour permettre la densification en ville est louable pour éviter le mitage du territoire, elle pousse également de nombreux investisseurs à raser des bâtiments bien avant leur fin de vie pour en construire de nouveaux – plus grands, plus hauts – dans un but de maximisation du profit.

« Le bâtiment le plus écologique est celui qui existe déjà. »
Carl Elefante, architecte

Lors de la planification d’une rénovation ou d’une nouvelle construction, nous pouvons – devons ? – utiliser les leviers suivants :

  • - la conception
    forme et orientation du bâtiment, empreinte au sol et surface par personne, potentiel de transformation future et de démontabilité, efficacité de la structure porteuse…
  • - le choix des matériaux
    matériaux biosourcés, réemploi, ressources locales…
  • - les systèmes techniques
    systèmes low-tech, peu énergivores, passifs …
  • - et les modes de vie.
    Car même dans le bâtiment le plus écologique du monde, si on chauffe à 25°C pendant qu’on ouvre les fenêtres en plein hiver, cela nous aura fait une belle jambe.

Parcourez donc nos articles qui abordent les différentes facettes des domaines précités. Vous trouverez à la fin de chaque article des références et des liens pour approfondir encore le sujet et devenir incollable sur l’habitat durable !